Sur les rives du Mékong
Carnet de Voyage Asie / PUBLIÉ LE 01/04/2012 /
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Quelques enfants qui se baignent tout nus sur une plage nous font un grand bonjour de la main, un sourire énorme illumine leur visage bronzé. Là-bas, un Laotien tente d'attraper avec un filet à perche de quoi se nourrir. Et puis on s'arrête à nouveau. Cette fois, pas de vendeur de chips ni de côtes de buffle. C'est nous qui déchargeons, cette fois-ci : sacs de riz, gros cartons d'électroménager, cageots de Beerlao, une télévision d'un autre âge que vient de réparer le Crozon local à coups de marteau.
On a sorti les jumelles, histoire de déjouer les future embuscades. Dans la jungle impénétrable qui borde les rives surgit un homme avec son coupe-coupe.
« Ben tiens ! Tu m'cherches ? Ben viens! Viens! T'as juste cent mètres de remous à traverser ! Et après on discute! »
Mon voisin, celui qui fumait, se prend une flèche dans l'épaule venue dont ne sait où (ou bien « de on ne sait où ». C'est bizarre d'écrire « dont ne sait où » puisqu'on prononce don ne saisou. Doit y'avoir une astuce orthographico-lexicale qui m'échappe. Bref Allez! On reprend ! C'est qu'il faut s'occuper du blessé) Voilà le voisin qui titube. D'un bond, je lui arrache la flèche. Le sang gicle. Merde! Ce con a tout salopé mes mots-fléchés! Voilà ce que c'est d'aider les gens !Enfin! Tant pis pour les mots fléchés, je ferai des sudokus! Et pendant que j'éponge, Martine fait un garrot au bichnick qui fait « Arghh ! Arghh! » tout en bavant. Un gros touriste russe se met à râler dans un anglais plus qu'approximatif:
« Vos gueules! Y'en a qui voudraient dormir, ici ! »
Ouf ! Le fléché est sauvé! Mais faut décamper rapidement (joli pléonasme)! Ça sent vinaigre sur les rives du Mékong. Steve Mac Queen qui a laissé la barre à sa sœur vient s'enquérir de l'état du blessé. Au passage, il me demande mon nom et le note dans son petit carnet.
« Si on s'en sort, me dit-il, tu auras la légion d'honneur !Ma mère travaille à l'ambassade de France à Bamako comme cuisinière! » (Je vous parle de Bamako parce que je me suis mis Amadou et Maryam entre les oreilles). Et vous Martine ! Voulez vous m'épouser, darling ? »
Je lui réponds qu'elle est déjà prise et qu'il ferait mieux de retourner à la barre car sa sœur tient le manche comme on tiendrait « le petit tuyau » dans des chiottes thaïes!
Et dans la lueur du soir apparaît Pakben. Tout le monde a retrouvé ses esprits et nous découvrons notre ville étape. Je ne m'en étais pas du tout fait cette idée. Pakben m'apparaissait être aussi grande que Luang Namtha. En fait, vue de loin, on a l'impression d'arrivée devant un grand palais Chinois. Ce n'est pas une ville. Les maisons sont construites sur la hauteur, à plus de 50 mètres par rapport au niveau de l'eau actuel. Ce ne sont que des hôtels, des guesthouses , petites échoppes qui vendent de tout. On trouve même des « vaches qui rient »! On débarque sur la plage à 18 h. Il fait quasiment nuit. C'est un joyeux bazar pour retrouver son sac Quechua parmi les centaines de sacs Quechua car tous les touristes du monde voyagent avec un sac Quechua . (La société Quechua m'a promis 50€ à chaque fois que j'écris « Quechua » dans ce magnifique journal de bord !).
A peine sur le quai, un gamin vient nous aborder. En fait, ce n'est pas un gamin : Khomeyni a 27 ans et il est le papa d'un petit bout-de-chou de 5 ans. (Rien à voir avec le barbu du même nom, même pas de la famille éloignée !)Il nous propose de nous emmener vers l'hôtel de sa tante qui est juste au-dessus avec une vue, mes amis, une vue absolument merveilleuse sur le Mékong. Pour 40 000 kips, ( tu divises par 12 000) faut pas s'attendre au Hilton, ni même au Bellilois dans la rue Joseph Lebris à Le Palais !
Pour 40 000 kips, tu as une chambre de 9 m2, un lit avec un matelas fakirisé, une couverture « comme neuve », un ventilateur et une moustiquaire. Tout est en bois rafistolé. mais on trouve quand même une prise électrique : ce qui me permet de recharger les batteries du PC et de l'affareil poto. Khomeyni revient nous voir et tient absolument à me vendre de l'opium de sa fabrication et de la marijeanne de derrière les fagots. Il est bien gentil, Khomeyni, mais il commence à nous coller un peu trop. Il veut ensuite nous servir de guide pour aller à la rencontre des orpailleurs et des pêcheurs. Plus la soirée avance, plus il picole son Loaloa , cette espèce de Whisky élaboré avec du jus de pastèque fermenté et un truc que même Mimi La Poisse, la Vietminh de Saïgon, a refusé de dévoiler sous la torture.
Après nous être sustentés d'un sweet and sour buffalo un peu spicy, nous décidons de découvrir Pakben by night. Les lumières de la rue sont inexistantes. Seules brillent quelques ampoules basse consommation qui éclairent les nombreux bars et restos qui jalonnent la rue. Que des étrangers. Quelques enfants qui jouent, une moto qui passe, un chien qui traverse. La température est idéale. Ciel étoilé, lune se reflétant dans le Mékong. Qui pourrait croire qu'en octobre dernier, le fleuve est monté jusque … dans notre chambre, à plus de 50 m par rapport au niveau actuel ? On imagine alors le courant et surtout les dégâts, les victimes et la misère qui s'en sont suivies...
Abrités des fourmis mambalas et des moustiques-tigres dans notre moustiquaire, nous trouvons un repos bien mérité après cette descente extraordinaire dont nous parlerons encore dans plus de cent ans... si la côte de bœuf sauce béarnaise existe encore !Ce fut vraiment un des plus beaux moments de ma vie de baroudeur .
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« Les photos sont superbes ! »
16/05/2012 07h49
« Cette tradition est superbe !! Il faut garder ce genre de tradition ! »
19/05/2012 07h36
Article publié le 01/04/2012 à 10h14
dans la catégorie « Carnet de Voyage Asie ».
Paul :
« Impressionnant, je pensais vraiment qu'il s'agissait uniquement d'un mythe ... »
21/03/2012 13h18