La traversée du Mékong
Carnet de Voyage Asie / PUBLIÉ LE 01/04/2012 /
2 COMMENTAIRE(S)
On n'est pas mécontent de partir aujourd'hui pour Pakben, ville située à mi-chemin entre Houey Xei et Luang Prabang, sur le Mékong. Notre bateau est étroit et effilé : une trentaine de mètres de long pour quatre de large. Il est tout en teck, les côtés sont ouverts, permettant de découvrir le paysage. Des bancs en bois sont disposés de parts et d'autres (et que celui qui sait comment on écrit de « parts et d'autres » se fasse connaître !) On comprend mieux pourquoi on voyait des vendeurs de coussins moelleux à l'embarcadère. En fait, notre « slow boat » ressemble à une rame de métro dans laquelle se côtoient surtout des touristes de tout poil : des Laotiens qui vont faire du business, d'autres qui vont sans doute se faire soigner à l'hôpital de Luang Prabang.
Je plains le pauvre gamin que son père porte à grand peine dans ses bras. Le gosse s'est certainement fracturé une jambe et porte une espèce de plâtre tout fripé qui ne doit pas être efficace. Et à voir la tête du gamin, son accident ne date pas d'hier. Mais s'il meurt en route, on pourra toujours s'en servir pour appâter les poissons chats. Ici, ils font près d'une demi-tonne !!!
Ça y'est ! On est enfin parti! « At eight o'clock in the morning! »qui disait !Et bien on est parti à midi bien sonné. Notre « canonnière du Yang Tsé »commandé par Steve Mac Queen en personne file allègrement ses dix noeuds dans les méandres du fleuve. Ça ne sent rien, ni bon ni mauvais. L'eau est marronâtre (moi je la vois vert-orange) agitée de grands et forts remous. Pourtant, le lit est loin d'être plein car nous sommes en saison sèche. Il faut glisser entre les roches ou les bancs de sable. Les rochers sont bien inquiétants, saillants, et semblent avoir été plantés verticalement dans l'eau comme des menhirs. Tantôt nous rasons la Thaïlande, tantôt, afin d'éviter un obstacle , nous nous retrouvons sur les berges du Laos, à quelques mètres des pêcheurs. Ces derniers possèdent de véritables talents d'équilibriste pour rester sur leur longues pirogues. Elles n'ont pratiquement pas de tirant d'eau. Les pêcheurs utilisent des cannes de bambou mais nous allons trop vite pour comprendre leurs techniques de pêche. Certains lancent d'énormes éperviers, d'autres doivent pêcher avec des nasses et des zarouëts. Tout est bien paisible, calme. Les berges sont couvertes de frondaisons. Au-dessus, des champs de maïs. Pas d'oiseaux. Nous avons juste vu passer un grand échassier blanc qui volait à tire d'ailes vers l'amont. De temps en temps, on voit des petites vaches au milieu de nulle part. Certaines se prélassent même sur les plages de sable fin. Parfois, quelques buffles nonchalants viennent boire sur la rive.
La température extérieure est de 30 ° et Steve Mac Queen, , les mains rivées à la barre à roue de sa machine, nous mène à bon port. Par contre, pas de charmantes hôtesses en tutu rose pour nous expliquer quoi faire si nous devons quitter le navire de toute urgence. Je ne pense pas qu'il y ait le moindre gilet de sauvetage à bord de notre « canonnière ».Ce sera « chacun pour soi »et tant pis pour les sacs à dos qu'on a rangés à fond de cale.
Au détour d'un méandre, nous accostons dans une petite anse servant de port.
Quelques petits marchands montent à bord pour nous proposer des côtes de buffle sauce béarnaise « not spicy » avec des frites.(Non, non! C'était juste une hallucination ou la fumée émanant de la cigarette du bichnick derrière moi ) Ah! Le moteur s'arrête ! Un peu de silence ? Non ! Des gosses arrivent de partout portant de grands paniers bleus : « Chips, Coca, Nestea, Cacahuètes! » C'est à celui qui montera à bord le premier, le plus agile. Tous sont pieds nus et filent sur les rochers comme des chamois. « Chips, Coca, Nestea, Cacahuètes ! » : les prix sont du grand n'importe quoi mais on se dit qu'on fait des heureux et nombreux sont les touristes qui achètent. La descente est encore longue et à défaut de visionner un DVD ou voir le dernier épisode de « Plus belle la vie », on s'occupe en mangeant !
Nous repartons. Un peu plus loin, nous apercevons des orpailleurs. Munis d'une batte, ou d'une plate (je sais plus comment on dit !) ils fouillent la berge et cherchent sans cesse la fortune. J'espère bien les rencontrer demain...
La descente continue. Les courants sont parfois puissants. On rase à toute allure des écueils bien dangereux. On se dit qu'on va tomber dans une embuscade. Les Viets sont tapis, là, derrière cette haie de palmiers. Leurs sarbacanes chargées de flèches empoisonnées au foie de mygales. Mais Steve Mac Queen a senti le danger. Il esquive une roche saillante et dégage la canonnière qui reprend ses marques dans un Mékong en furie. La route en aval reprend. Ça y'est, on a évité l'affrontement et on navigue à nouveau en territoire ami.
(A suivre)
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« Merci encore pour vos articles je suis complètement fan et j'apprends surtout énormément de choses
»
13/05/2012 15h46
Article publié le 01/04/2012 à 10h00
dans la catégorie « Carnet de Voyage Asie ».

Paul :
« Bonne traversée !! »
21/03/2012 13h16